jeudi 20 septembre 2012

Humanisme et Renaissance (Séance 3)

Le mouvement humaniste


Questions :

1.   Qui l’auteur appelle-t-il l’Architecte suprême ?
2.   D’après le texte suivant, quelle place la religion occupe-t-elle dans les préoccupations des hommes de la Renaissance ?
3.  Quelle est la phrase qui, selon Pic de la Mirandole, détermine la place accordée à l’homme ?


La place de l’homme dans la création

L’architecte suprême a choisi l’homme, créature d’une nature indéterminée et, le plaçant au centre du monde, il lui dit : « Nous ne t’avons donné ni place précise, ni fonction particulière, Adam, afin que, selon tes envies et ton discernement, tu puisses prendre et posséder la place, la forme et les fonctions que tu désireras. La nature de toutes les autres choses est limitée et tient dans les lois que nous leur avons prescrites. Toi, que nulle limite ne contraint, conformément à la libre volonté que nous avons placé entre tes mains, tu décideras toi-même des propres limites de ta nature. Nous t’avons mis au centre du monde pour que, de là, tu puisses en observer plus facilement les choses. Nous ne t’avons créé ni céleste, ni terrestre, ni immortel, ni mortel, afin que, par ton libre arbitre, tu puisses choisir ton destin. Par ta propre puissance tu pourras dégénérer en prenant les formes les plus basses de la vie, les formes animales ; par ta propre puissance, tu pourras, grâce au discernement de ton âme, renaître dans les formes les plus hautes, les formes divines. »


Pic de la Mirandole (1463-1494, philosophe italien), De la dignité de l’homme,
« Préface » aux Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques, 1483. 





Jan van der Straet (1523-1605, peintre et graveur flamand), La Boussole, vers 1600.


Questions :

1.   Que montre Jan van der Straet ?
2.   En quoi les travaux de ce savant humaniste sont-ils utiles au XVIe siècle ?


Portrait idéal de l’humaniste

Je voudrais qu’il fût bien instruit des lettres ou de ces études que nous appelons les « humanités ». Qu’il soit familier avec le latin et le grec à cause de l’abondance et de la variété des choses qui furent si divinement écrites dans ces langues. Qu’il connaisse bien les poètes ainsi que les orateurs et les historiens et qu’il apprenne lui aussi à écrire en vers et en prose, en particulier dans notre propre langue [l’italien]. Je le louerai aussi de savoir plusieurs langues étrangères, particulièrement l’espagnol et le français, parce que l’usage de l’un et de l’autre est très répandu en Italie. Il devrait également savoir nager, sauter, courir et lancer des pierres pour la préparation au combat. Je ne saurai pas satisfait de lui s’il n’est aussi musicien, et il ne suffit qu’il sache lire sa partie sur un livre, il doit encore jouer de divers instruments. Je veux encore mentionner une autre chose que je ne voudrais pas lui voir négliger : c’est la science du dessin et de l’art de peindre.

Baldassare Castiglione (1478-1529, écrivain et diplomate italien), Le Parfait Courtisan, 1528.


Question (à partir des deux textes) :

1.    Les intérêts intellectuels des humanistes sont-ils en accord avec cette place accordée à l’homme ?






Questions :

1.    Quelles oppositions entre les deux Eglises le peintre met-il en valeur ?
2.    Pourquoi peut-on considérer que ce tableau s’inscrit dans le mouvement humaniste ?
 

  • Description du tableau:

http://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&frm=1&source=web&cd=4&ved=0CEkQFjAD&url=http%3A%2F%2Fpedagogie.ac-limoges.fr%2Fhist_geo%2Faccueil%2Fsquelettes%2Fdocuments%2520importes%2Fprogramme%2520seconde%2Fles%2520hommes%2520de%2520la%2520renaissance%2FLes_hommes_de_la_Renaissance.ppt&ei=8eVaUIfCEIWWswaU_YG4BA&usg=AFQjCNFwwSVGrirPWtdwI02aarp6a5QA9A



Paragraphe argumenté :

Pendant la Renaissance, le rapport au monde s’est profondément modifié, accordant une place particulière à l’homme.

Quels ont été les principaux changements ?

 

 

mardi 18 septembre 2012

Humanisme et Renaissance (Séance 1)

La Renaissance, présentation :
sciences et techniques, explorations et arts










lundi 17 septembre 2012

Humanisme et Renaissance (Séance 2)

De l’anatomie et de la représentation du corps humain à la Renaissance.


Pierre Belon, naturaliste et médecin français (Cérans, Sarthe, 1517-Paris 1564).




Eléments biographiques :



« Né près du Mans, dans une famille modeste, Pierre Belon se fait remarquer très vite par d'exceptionnelles qualités intellectuelles et par son goût pour l'observation scientifique.

Il est d'abord l'élève d'un apothicaire connu, puis il suit à l'université de Wittenberg, en Allemagne, les cours du botaniste Valerius Cordius, qu'il accompagne plus tard à travers l'Allemagne et en Bohême.

En 1542, il devient l'apothicaire du cardinal de Tournon.

Grâce à la générosité de ce mécène des arts et des sciences, il entreprend et mène à bien son grand voyage en Orient, de 1546 à 1549.

De retour en France, il se fixe à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où il écrit la plupart de ses ouvrages. Il effectue encore de nombreux voyages – en Angleterre, en Suisse et en Italie notamment.

Le roi Charles IX lui donne un logement dans le petit château de Madrid, construit par François Ier dans le bois de Boulogne, près de Paris.

C'est dans ce bois que Belon est mystérieusement assassiné un soir d'avril 1564. Il a quarante-sept ans.

Cet homme de la Renaissance, curieux de tout, est l'un des premiers voyageurs naturalistes.
Il enrichit la science de son temps de nombreuses et précieuses observations sur les animaux et les plantes.

En 1546, à une époque où les périples lointains sont longs et très périlleux, Pierre Belon entreprend un grand voyage en Orient dans le seul but de voir de près les substances médicamenteuses dont il a lu la description dans des ouvrages anciens.
Au fil des étapes, ce voyage, qui le conduit notamment en Grèce, à Constantinople, en Asie Mineure, Égypte, Palestine et Syrie, se mue en une véritable expédition scientifique.
Partout, Belon observe, se renseigne, prend des notes. Il ne s'intéresse plus seulement aux plantes, mais aussi aux animaux ; il étudie ceux qu'il ne connaît pas, les dessine et, le cas échéant, les dissèque ou s'arrange pour en rapporter un spécimen naturalisé.

Sa curiosité s'étend à la géographie, aux modes de vie, mœurs et religions des habitants, aux ruines antiques, à l'agriculture, à la pêche et à la chasse, à la médecine, à la cuisine.

À son retour, il consigne le résultat de ses observations dans des ouvrages véritablement révolutionnaires pour l'époque : Histoire naturelle des étranges poissons marins, la Nature et diversité des poissons, Observation de plusieurs singularités et choses mémorables, Histoire de la nature des oiseaux, témoins de ses dons d'observation et de la profondeur de sa réflexion.

Certes, il classe encore les poissons comme Pline l'Ancien, qui vivait au Ier siècle de notre ère, mais il en décrit 175 espèces, alors que le naturaliste latin n'en dénombrait que 74. S'il range le dauphin parmi les poissons – comme d'ailleurs la loutre, le castor, le crocodile, le homard et même le lézard –, il constate que cet animal a des mamelles abdominales, mais au nombre de deux seulement, « à la manière des animaux à quatre pieds qui n'ont qu'un petit à la fois ». Il montre également que l'anatomie du cerveau du dauphin est proche de celle du cerveau humain.

Belon est, par ailleurs, l'un des premiers à entreprendre de classer les oiseaux de façon pertinente.
Sa classification manque de rigueur scientifique, puisqu'elle se réfère tantôt aux mœurs, tantôt à l'anatomie, mais, comme il l'a fait pour les poissons, il apporte sur la gent ailée quantité d'informations très importantes et montre des analogies entre le squelette des oiseaux et celui de l'homme.

Pour étudier leur mode d'alimentation, il ouvre d'innombrables jabots. Tout l'intéresse : la répartition géographique des oiseaux comme leurs migrations saisonnières (il est ainsi le premier à signaler que les cigognes passent l'hiver en Égypte et en Afrique du Nord).

Outre les poissons et les oiseaux, il évoque dans ses ouvrages de nombreux animaux qu'il a rencontrés au cours de ses voyages.
Certains ne sont, à l'époque, connus en Europe que par de vagues descriptions et on les confond souvent avec des animaux fabuleux : ainsi, le rhinocéros, la panthère ou l'éléphant. Belon, lui, a acquis des connaissances plus précises.

À Constantinople, il a vu des lions.
Au Caire, il a admiré une girafe dont il fournit une bonne description.



En Égypte, il a observé aussi certains gros singes, dont des babouins, dressés par des bateleurs.
Les crocodiles du Nil, les caméléons, les gazelles et les chameaux ont retenu son attention.


(Les observations de plusieurs singularitez et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie et autres pays estranges, rédigées en trois livres, G. Corrozet, Paris, 1553, écrites en 1548.)

Si son apport à la science dans le domaine de la botanique est très enrichissant, Belon s'intéresse aussi aux diverses utilisations des plantes (thérapeutique, alimentaire, technologique), aux procédés de culture et aux rendements.

Son dernier ouvrage, Remontrances sur le défaut du labour et culture des plantes et de la connaissance d'icelles, cite les arbres exotiques qu'il serait utile, selon lui, d'introduire en France, et il invite le collège des médecins de Paris à fonder un établissement pour l'acclimatation des plantes étrangères.

Le premier jardin botanique français n'est créé qu'en 1596, et à Montpellier, plus de trente ans après sa mort. »

(Source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Belon/108321)
 





Question :

1.   Que recherche Pierre Belon en réalisant ce dessin ?

 


Léonard de Vinci (1452–1519),
une nouvelle représentation du corps ?







« […] que la Nature a distribué les mesures du corps humain comme ceci.

Quatre doigts font une paume, et quatre paumes font un pied, six paumes font un coude : quatre coudes font la hauteur d’un homme. Et quatre coudes font un double pas, et vingt-quatre paumes font un homme ; et il a utilisé ces mesures dans ses constructions.

Si vous ouvrez les jambes de façon à abaisser votre hauteur d’un quatorzième, et si vous étendez vos bras de façon que le bout de vos doigts soit au niveau du sommet de votre tête, vous devez savoir que le centre de vos membres étendus sera au nombril, et que l’espace entre vos jambes sera un triangle équilatéral.

La longueur des bras étendus d’un homme est égale à sa hauteur.

Depuis la racine des cheveux jusqu’au bas du menton, il y a un dixième de la hauteur d’un homme. Depuis le bas du menton jusqu’au sommet de la tête, un huitième. Depuis le haut de la poitrine jusqu’au sommet de la tête, un sixième ; depuis le haut de la poitrine jusqu’à la racine de cheveux, un septième.

Depuis les tétons jusqu’au sommet de la tête, un quart de la hauteur de l’homme. La plus grande largeur des épaules est contenue dans le quart d’un homme. Depuis le coude jusqu’au bout de la main, un quart. Depuis le coude jusqu’à l'aisselle, un huitième.

La main complète est un dixième de l’homme. Le début des parties génitales est au milieu. Le pied est un septième de l’homme. Depuis la plante du pied jusqu’en dessous du genou, un quart de l’homme. Depuis sous le genou jusqu’au début des parties génitales, un quart de l’homme.

La distance du bas du menton au nez, et des racines des cheveux aux sourcils est la même, ainsi que l’oreille : un tiers du visage. »

— Vitruve, dans son ouvrage De l’architecture.

Marcus Vitruvius Pollio, connu sous le nom de Vitruve, est un architecte romain qui vécut au Ier siècle av. J.-C. (on ne connaît pas avec précision la période à laquelle il vécut, on évalue sa naissance aux alentours de 90 av. J.-C. et celle de sa mort vers 20 av. J.-C.).


Les motivations de Léonard 


J'ai imaginé toutes ces machines parce que j'étais possédé, comme tous les hommes de mon temps, par une volonté de puissance. J'ai voulu dompter le monde.

Mais j'ai voulu aussi passionnément connaître et comprendre la nature humaine, savoir ce qu'il y avait à l'intérieur de nos corps. Pour cela, des nuits entières, j'ai disséqué des cadavres, bravant ainsi l'interdiction du Pape. Rien ne me rebutait. Tout, pour moi, était sujet d'étude. Que de recherches passionnantes sur la lumière, par exemple, pour le peintre que j'étais ! (...)

Ce que j'ai cherché finalement, à travers tous mes travaux, et plus particulièrement à travers ma peinture, ce que j'ai cherché toute ma vie, c'est à comprendre le mystère de la nature humaine.

Léonard de Vinci, Carnets, vers 1510.


Questions :

1. Quels sont, d’après Léonard, les traits de caractères de l’homme cultivé de son temps ?
2.  Quels sont les domaines qu’il étudie ?
3. A quel(s) danger(s) s’expose-t-il ? Appuyez-vous aussi sur les études anatomiques suivantes pour  comprendre les risques encourus dans l'Europe chrétienne du temps de Léonard et de l'Inquisition (l'Eglise pensait que les dissections détérioraient l'âme).
4. Quel est le but de ses recherches dans la science et les arts ?
5.  Admirez-vous un tel esprit ou pas ? Expliquez.

















A visiter : http://www.leonardoda-vinci.org/


Léonard de Vinci commença ce traité en 1490, mais ne l'acheva pas. Il ne fut publié, partiellement, qu'au XVIIe siècle.

Il est nécessaire, pour rendre parfaitement les membres des nus dans les attitudes et les gestes qu’ils peuvent exécuter, que le peintre connaisse l’anatomie des nerfs, os, muscles et tendons, afin de savoir, pour chaque effort ou mouvement, quels tendons ou muscles l’ont causé, et ne faire paraître et grossir que ceux-là, et non tous à la fois, comme font ceux qui, pour paraître grands dessinateurs, composes des nus ligneux, sans grâce, semblables à des sacs de noix plutôt qu’à des formes humaines, ou encore à un faisceaux de raves et non à un nu musclé (…).
Tu prétends qu’il vaut mieux voir pratiquer l’anatomie que regarder mes dessins : tu aurais raison si l’on pouvait voir tous les détails que mes dessins présentent en une seule figure, où, avec tout ton talent, tu ne verras et ne connaîtras que quelques veines.
Pour en acquérir une connaissance juste et complète, j'ai disséqué plus de dix cadavres, en détruisant tous les autres éléments, en enlevant jusqu'aux plus petites particules de la chair qui entourait ces veines, sans autre saignement que celui, tout imperceptible, des veines capillaires. Un seul cadavre ne durait pas assez longtemps ; il fallait procéder avec plusieurs, par degrés, pour arriver à une connaissance complète

Malgré tout ton amour des recherches, tu peux en être éloigné par la nausée - si elle ne t'en éloigne pas, par la peur de passer les heures de la nuit en compagnie de ces cadavres découpés, écorchés et horribles. Et si cela ne t'en éloigne pas, peut-être n'auras-tu pas le don graphique nécessaire pour l'interprétation figurée. Et si tu sais dessiner, peut-être te manquera-t-il la connaissance de la perspective ; et si tu l'as, le sens des exposés mathématiques et la méthode pour calculer les forces et l'énergie musculaire, ou peut-être est-ce la patience qui te manquera, et tu ne seras pas diligent.

Léonard de VINCI, Traité de la peinture, « De l'anatomie ».

Question :

1.   A partir de ses deux textes proposés, dites pourquoi et comment Léonard de Vinci étudie-t-il l’anatomie ?
 



http://pages.infinit.net/cabinet/anatomie.html







http://www.larousse.fr/encyclopedie/image/Laroussefr_-_Article/1004786




samedi 8 septembre 2012

Parcours de Personnages ( Séance 1)

Problématique : En quoi les paroles rapportées vont-elles  permettre au lecteur de comprendre à la fois les relations qui s’installent entre les personnages du roman et le point de vue du narrateur ?

L'épisode des comices agricoles est un extrait du roman éponyme Madame Bovary écrit par Gustave Flaubert en 1857.


Gustave Flaubert est un écrivain français du XIXème siècle (1821-1880) suivant le courant du Réalisme :

« Le Réalisme est un mouvement artistique moderne apparu vers 1850 en France.

Celui-ci naquit du besoin de réagir contre le sentimentalisme romantique et contre « la sottise, le poncif et le bon sens » (Baudelaire).

Le Réalisme est un mouvement culturel qui est caractérisé par une attitude de l’artiste face au réel. Il définit un type de littérature qui veut représenter le quotidien le plus fidèlement à la réalité possible, sans omettre le banal avec un point de vue objectif.

Le Réalisme cherche à dépeindre la réalité telle qu’elle est, sans artifice et sans idéalisation, choisissant ses sujets dans les classes moyennes ou populaires, et abordant des thèmes comme le travail salarié, les relations conjugales, ou les affrontements sociaux.

Ce mouvement apparait dans la seconde moitié du XIXe siècle pour s’opposer au Romantisme, qui a dominé la première moitié du siècle et pour dénoncer et analyser les mœurs de la vie quotidienne.

Flaubert est très tôt conscient que le Réalisme est une utopie : l’écriture ne peut que produire du texte, pas du réel. »


Ce courant permet aux historiens d'obtenir d'autres sources d'information sûres en plus d'autres ressources historiques d'époque. Madame Bovary a aussi permis à Armand Fremont (1933 -…), géographe, de développer sa thèse sur les « espaces vécus » :


« Armand Frémont doit sa notoriété à l’élaboration d’un concept géographique nouveau, apparu dès 1976, celui de l’espace vécu. Ce terme, qui définit ainsi le territoire comme espace approprié par un sujet, a quelque peu modifié les représentations que se faisaient les géographes de la notion d’espace. En effet, selon l’auteur, faire de la géographie ne se résout pas seulement à analyser ni à maîtriser un territoire, puisque c’est l’individu qui, par ses actions, va modifier l’espace. Ainsi, se serait l’homme lui-même qui serait producteur de sa propre géographie. Armand Frémont est agrégé de géographie, qu’il a enseigné à l’université de Caen pendant 25 ans. (...)


Pour amorcer sa réflexion au sujet de l’espace vécu, Frémont commence par montrer que Madame Bovary apparaît comme une véritable géographie, puisque les trois espaces constitutifs d’une vie y sont présentés : un monde clos dans lequel est enfermé l’individu, un monde extérieur qu’il se forge, enfin un monde auquel il aspire. La géographie, selon Frémont, serait constituée par cette interaction entre l’individu, le paysage, et son milieu » (http://lewebpedagogique.com/geotrouvetout/tag/espace-vecu/).


Gustave Flaubert s'est inspiré de la ville du Ry en Haute-Normandie pour écrire son roman.







Les comices agricoles sont connus sous plusieurs appellations telles que les sociétés d'agricultures et les associations agricoles. Ces associations prennent réellement le nom de comices agricoles suite à une loi promulguée le 31 mai 1833. Ils sont composés de cultivateurs qui se rassemblent périodiquement afin de mettre en commun des innovations et améliorations.


TEXTE


En Normandie, au temps de la Monarchie de Juillet (1), Rodolphe Boulanger et Emma Bovary assistent aux comices agricoles de Yonville, « bourg à huit lieues de Rouen, sur les confins de la Normandie, de la Picardie et de l’Ile de France » (II, 1). Ils sont assis dans la salle des délibérations au premier étage de la mairie du village pendant que les discours des officiels se succèdent devant la population de la région.


Il se tenait les bras croisés sur ses genoux, et, ainsi levant la figure vers Emma, il la regardait de près, fixement. Elle distinguait dans ses yeux des petits rayons d'or s'irradiant tout autour de ses pupilles noires, et même elle sentait le parfum de la pommade qui lustrait sa chevelure. (….) La douceur de cette sensation pénétrait ainsi ses désirs d'autrefois, et comme des grains de sable sous un coup de vent, ils tourbillonnaient dans la bouffée subtile du parfum qui se répandait sur son âme. Elle ouvrit les narines à plusieurs reprises, fortement, pour aspirer la fraîcheur des lierres autour des chapiteaux. Elle retira ses gants, elle s'essuya les mains ; puis, avec son mouchoir, elle s'éventait la figure, tandis qu'à travers le battement de ses tempes elle entendait la rumeur de la foule et la voix du conseiller qui psalmodiait ses phrases.


Il disait :

« Continuez ! Persévérez ! N’écoutez ni les suggestions de la routine, ni les conseils trop hâtifs d'un empirisme téméraire ! Appliquez-vous surtout à l'amélioration du sol, aux bons engrais, au développement des races chevalines, bovines, ovines et porcines ! Que ces comices soient pour vous comme des arènes pacifiques où le vainqueur, en en sortant, tendra la main au vaincu et fraternisera avec lui, dans l'espoir d'un succès meilleur ! Et vous, vénérables serviteurs ! humbles domestiques, dont aucun gouvernement jusqu'à ce jour n'avait pris en considération les pénibles labeurs, venez recevoir la récompense de vos vertus silencieuses, et soyez convaincus que l'Etat, désormais, a les yeux fixés sur vous, qu'il vous encourage, qu'il vous protège, qu'il fera droit à vos justes réclamations et allégera, autant qu'il est en lui, le fardeau de vos pénibles sacrifices ! »


M. Lieuvain se rassit alors ; M. Derozerays se leva, commençant un autre discours. Le sien, peut-être, ne fut point aussi fleuri que celui du conseiller ; mais il se recommandait par un caractère de style plus positif, c'est-à-dire par des connaissances plus spéciales et des considérations plus relevées. Ainsi, l'éloge du gouvernement y tenait moins de place ; la religion et l'agriculture en occupaient davantage. On y voyait le rapport de l'une et de l'autre, et comment elles avaient concouru toujours à la civilisation. Rodolphe, avec Mme Bovary, causait rêves, pressentiments, magnétisme. Remontant au berceau des sociétés, l'orateur vous dépeignait ces temps farouches où les hommes vivaient de glands, au fond des bois. Puis ils avaient quitté la dépouille des bêtes, endossé le drap, creusé des sillons, planté la vigne. Etait-ce un bien, et n'y avait-il pas dans cette découverte plus d'inconvénients que d'avantages ? M. Derozemys se posait ce problème. Du magnétisme, peu à peu, Rodolphe en était venu aux affinités, et, tandis que M. le président citait Cincinnatus à sa charrue, Dioclétien plantant ses choux, et les empereurs de la Chine inaugurant l'année par des semailles, le jeune homme expliquait à la jeune femme que ces attractions irrésistibles tiraient leur cause de quelque existence antérieure.


- Ainsi, nous, disait-il, pourquoi nous sommes-nous connus ? Quel hasard l'a voulu ? C'est qu'à travers l'éloignement, sans doute, comme deux fleuves qui coulent pour se rejoindre, nos pentes particulières nous avaient poussés l'un vers l'autre.

Et il saisit sa main ; elle ne la retira pas.


(1) La Monarchie de Juillet (1830-1848) ou le règne du roi des Français, Louis-Philippe d'Orléans (1773 - 1850) - biographie: http://www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article209
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Extrait de l’adaptation par Claude Chabrol de Madame Bovary :