lundi 17 septembre 2012

Humanisme et Renaissance (Séance 2)

De l’anatomie et de la représentation du corps humain à la Renaissance.


Pierre Belon, naturaliste et médecin français (Cérans, Sarthe, 1517-Paris 1564).




Eléments biographiques :



« Né près du Mans, dans une famille modeste, Pierre Belon se fait remarquer très vite par d'exceptionnelles qualités intellectuelles et par son goût pour l'observation scientifique.

Il est d'abord l'élève d'un apothicaire connu, puis il suit à l'université de Wittenberg, en Allemagne, les cours du botaniste Valerius Cordius, qu'il accompagne plus tard à travers l'Allemagne et en Bohême.

En 1542, il devient l'apothicaire du cardinal de Tournon.

Grâce à la générosité de ce mécène des arts et des sciences, il entreprend et mène à bien son grand voyage en Orient, de 1546 à 1549.

De retour en France, il se fixe à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où il écrit la plupart de ses ouvrages. Il effectue encore de nombreux voyages – en Angleterre, en Suisse et en Italie notamment.

Le roi Charles IX lui donne un logement dans le petit château de Madrid, construit par François Ier dans le bois de Boulogne, près de Paris.

C'est dans ce bois que Belon est mystérieusement assassiné un soir d'avril 1564. Il a quarante-sept ans.

Cet homme de la Renaissance, curieux de tout, est l'un des premiers voyageurs naturalistes.
Il enrichit la science de son temps de nombreuses et précieuses observations sur les animaux et les plantes.

En 1546, à une époque où les périples lointains sont longs et très périlleux, Pierre Belon entreprend un grand voyage en Orient dans le seul but de voir de près les substances médicamenteuses dont il a lu la description dans des ouvrages anciens.
Au fil des étapes, ce voyage, qui le conduit notamment en Grèce, à Constantinople, en Asie Mineure, Égypte, Palestine et Syrie, se mue en une véritable expédition scientifique.
Partout, Belon observe, se renseigne, prend des notes. Il ne s'intéresse plus seulement aux plantes, mais aussi aux animaux ; il étudie ceux qu'il ne connaît pas, les dessine et, le cas échéant, les dissèque ou s'arrange pour en rapporter un spécimen naturalisé.

Sa curiosité s'étend à la géographie, aux modes de vie, mœurs et religions des habitants, aux ruines antiques, à l'agriculture, à la pêche et à la chasse, à la médecine, à la cuisine.

À son retour, il consigne le résultat de ses observations dans des ouvrages véritablement révolutionnaires pour l'époque : Histoire naturelle des étranges poissons marins, la Nature et diversité des poissons, Observation de plusieurs singularités et choses mémorables, Histoire de la nature des oiseaux, témoins de ses dons d'observation et de la profondeur de sa réflexion.

Certes, il classe encore les poissons comme Pline l'Ancien, qui vivait au Ier siècle de notre ère, mais il en décrit 175 espèces, alors que le naturaliste latin n'en dénombrait que 74. S'il range le dauphin parmi les poissons – comme d'ailleurs la loutre, le castor, le crocodile, le homard et même le lézard –, il constate que cet animal a des mamelles abdominales, mais au nombre de deux seulement, « à la manière des animaux à quatre pieds qui n'ont qu'un petit à la fois ». Il montre également que l'anatomie du cerveau du dauphin est proche de celle du cerveau humain.

Belon est, par ailleurs, l'un des premiers à entreprendre de classer les oiseaux de façon pertinente.
Sa classification manque de rigueur scientifique, puisqu'elle se réfère tantôt aux mœurs, tantôt à l'anatomie, mais, comme il l'a fait pour les poissons, il apporte sur la gent ailée quantité d'informations très importantes et montre des analogies entre le squelette des oiseaux et celui de l'homme.

Pour étudier leur mode d'alimentation, il ouvre d'innombrables jabots. Tout l'intéresse : la répartition géographique des oiseaux comme leurs migrations saisonnières (il est ainsi le premier à signaler que les cigognes passent l'hiver en Égypte et en Afrique du Nord).

Outre les poissons et les oiseaux, il évoque dans ses ouvrages de nombreux animaux qu'il a rencontrés au cours de ses voyages.
Certains ne sont, à l'époque, connus en Europe que par de vagues descriptions et on les confond souvent avec des animaux fabuleux : ainsi, le rhinocéros, la panthère ou l'éléphant. Belon, lui, a acquis des connaissances plus précises.

À Constantinople, il a vu des lions.
Au Caire, il a admiré une girafe dont il fournit une bonne description.



En Égypte, il a observé aussi certains gros singes, dont des babouins, dressés par des bateleurs.
Les crocodiles du Nil, les caméléons, les gazelles et les chameaux ont retenu son attention.


(Les observations de plusieurs singularitez et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie et autres pays estranges, rédigées en trois livres, G. Corrozet, Paris, 1553, écrites en 1548.)

Si son apport à la science dans le domaine de la botanique est très enrichissant, Belon s'intéresse aussi aux diverses utilisations des plantes (thérapeutique, alimentaire, technologique), aux procédés de culture et aux rendements.

Son dernier ouvrage, Remontrances sur le défaut du labour et culture des plantes et de la connaissance d'icelles, cite les arbres exotiques qu'il serait utile, selon lui, d'introduire en France, et il invite le collège des médecins de Paris à fonder un établissement pour l'acclimatation des plantes étrangères.

Le premier jardin botanique français n'est créé qu'en 1596, et à Montpellier, plus de trente ans après sa mort. »

(Source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Belon/108321)
 





Question :

1.   Que recherche Pierre Belon en réalisant ce dessin ?

 


Léonard de Vinci (1452–1519),
une nouvelle représentation du corps ?







« […] que la Nature a distribué les mesures du corps humain comme ceci.

Quatre doigts font une paume, et quatre paumes font un pied, six paumes font un coude : quatre coudes font la hauteur d’un homme. Et quatre coudes font un double pas, et vingt-quatre paumes font un homme ; et il a utilisé ces mesures dans ses constructions.

Si vous ouvrez les jambes de façon à abaisser votre hauteur d’un quatorzième, et si vous étendez vos bras de façon que le bout de vos doigts soit au niveau du sommet de votre tête, vous devez savoir que le centre de vos membres étendus sera au nombril, et que l’espace entre vos jambes sera un triangle équilatéral.

La longueur des bras étendus d’un homme est égale à sa hauteur.

Depuis la racine des cheveux jusqu’au bas du menton, il y a un dixième de la hauteur d’un homme. Depuis le bas du menton jusqu’au sommet de la tête, un huitième. Depuis le haut de la poitrine jusqu’au sommet de la tête, un sixième ; depuis le haut de la poitrine jusqu’à la racine de cheveux, un septième.

Depuis les tétons jusqu’au sommet de la tête, un quart de la hauteur de l’homme. La plus grande largeur des épaules est contenue dans le quart d’un homme. Depuis le coude jusqu’au bout de la main, un quart. Depuis le coude jusqu’à l'aisselle, un huitième.

La main complète est un dixième de l’homme. Le début des parties génitales est au milieu. Le pied est un septième de l’homme. Depuis la plante du pied jusqu’en dessous du genou, un quart de l’homme. Depuis sous le genou jusqu’au début des parties génitales, un quart de l’homme.

La distance du bas du menton au nez, et des racines des cheveux aux sourcils est la même, ainsi que l’oreille : un tiers du visage. »

— Vitruve, dans son ouvrage De l’architecture.

Marcus Vitruvius Pollio, connu sous le nom de Vitruve, est un architecte romain qui vécut au Ier siècle av. J.-C. (on ne connaît pas avec précision la période à laquelle il vécut, on évalue sa naissance aux alentours de 90 av. J.-C. et celle de sa mort vers 20 av. J.-C.).


Les motivations de Léonard 


J'ai imaginé toutes ces machines parce que j'étais possédé, comme tous les hommes de mon temps, par une volonté de puissance. J'ai voulu dompter le monde.

Mais j'ai voulu aussi passionnément connaître et comprendre la nature humaine, savoir ce qu'il y avait à l'intérieur de nos corps. Pour cela, des nuits entières, j'ai disséqué des cadavres, bravant ainsi l'interdiction du Pape. Rien ne me rebutait. Tout, pour moi, était sujet d'étude. Que de recherches passionnantes sur la lumière, par exemple, pour le peintre que j'étais ! (...)

Ce que j'ai cherché finalement, à travers tous mes travaux, et plus particulièrement à travers ma peinture, ce que j'ai cherché toute ma vie, c'est à comprendre le mystère de la nature humaine.

Léonard de Vinci, Carnets, vers 1510.


Questions :

1. Quels sont, d’après Léonard, les traits de caractères de l’homme cultivé de son temps ?
2.  Quels sont les domaines qu’il étudie ?
3. A quel(s) danger(s) s’expose-t-il ? Appuyez-vous aussi sur les études anatomiques suivantes pour  comprendre les risques encourus dans l'Europe chrétienne du temps de Léonard et de l'Inquisition (l'Eglise pensait que les dissections détérioraient l'âme).
4. Quel est le but de ses recherches dans la science et les arts ?
5.  Admirez-vous un tel esprit ou pas ? Expliquez.

















A visiter : http://www.leonardoda-vinci.org/


Léonard de Vinci commença ce traité en 1490, mais ne l'acheva pas. Il ne fut publié, partiellement, qu'au XVIIe siècle.

Il est nécessaire, pour rendre parfaitement les membres des nus dans les attitudes et les gestes qu’ils peuvent exécuter, que le peintre connaisse l’anatomie des nerfs, os, muscles et tendons, afin de savoir, pour chaque effort ou mouvement, quels tendons ou muscles l’ont causé, et ne faire paraître et grossir que ceux-là, et non tous à la fois, comme font ceux qui, pour paraître grands dessinateurs, composes des nus ligneux, sans grâce, semblables à des sacs de noix plutôt qu’à des formes humaines, ou encore à un faisceaux de raves et non à un nu musclé (…).
Tu prétends qu’il vaut mieux voir pratiquer l’anatomie que regarder mes dessins : tu aurais raison si l’on pouvait voir tous les détails que mes dessins présentent en une seule figure, où, avec tout ton talent, tu ne verras et ne connaîtras que quelques veines.
Pour en acquérir une connaissance juste et complète, j'ai disséqué plus de dix cadavres, en détruisant tous les autres éléments, en enlevant jusqu'aux plus petites particules de la chair qui entourait ces veines, sans autre saignement que celui, tout imperceptible, des veines capillaires. Un seul cadavre ne durait pas assez longtemps ; il fallait procéder avec plusieurs, par degrés, pour arriver à une connaissance complète

Malgré tout ton amour des recherches, tu peux en être éloigné par la nausée - si elle ne t'en éloigne pas, par la peur de passer les heures de la nuit en compagnie de ces cadavres découpés, écorchés et horribles. Et si cela ne t'en éloigne pas, peut-être n'auras-tu pas le don graphique nécessaire pour l'interprétation figurée. Et si tu sais dessiner, peut-être te manquera-t-il la connaissance de la perspective ; et si tu l'as, le sens des exposés mathématiques et la méthode pour calculer les forces et l'énergie musculaire, ou peut-être est-ce la patience qui te manquera, et tu ne seras pas diligent.

Léonard de VINCI, Traité de la peinture, « De l'anatomie ».

Question :

1.   A partir de ses deux textes proposés, dites pourquoi et comment Léonard de Vinci étudie-t-il l’anatomie ?
 



http://pages.infinit.net/cabinet/anatomie.html







http://www.larousse.fr/encyclopedie/image/Laroussefr_-_Article/1004786




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire